10 ans de titulariat !
C’est en septembre 2004 que Vincent Thévenaz est engagé par la Paroisse protestante de Chêne comme organiste titulaire. Depuis cette date, ce sont plus de 500 cultes qui ont bénéficié de sa participation musicale, sans compter les mariages, services funèbres, fêtes de paroisse, concerts.
La « Rentrée buissonnière », le festival créé pour animer musicalement le mois de septembre au temple, a connu trois éditions, de 2006 à 2008, avant la grande fête que fut « Bach, délices et orgues… », intégrale de l’œuvre d’orgue de Bach en 14 concerts en 2009 et 2010. Enfin, « Les orgues se déchaînent… » avait permis d’apprécier en 2012 un ciné-concert (films muets accompagnés par des improvisations à l’orgue) et une prestation éblouissante de la grande Rhoda Scott. D’autres concerts sont venus compléter ces grands événements, au fil du temps et des occasions. C’est aussi dans ce cadre qu’est né l’Orchestre Buissonnier, bien connu des Chênois, d’abord à l’occasion d’une fête de paroisse, puis rapidement dans de nombreux événements tant paroissiaux que communaux.
Ainsi, ces trois rendez-vous sont l’occasion de faire un état des lieux de la variété de styles et d’activités musicales déployées dans le cadre du Temple de Chêne-Bougeries. Rassemblant ainsi tant la communauté paroissiale que les mélomanes des Trois-Chêne et du Canton – et même au-delà – ce festival permettra avant tout de faire rayonner la musique pour le plus grand plaisir de tous !
Trois soirées qui décoiffent…
Concert du 28 septembre :
L’orgue du Temple de Chêne-Bougeries a été conçu suivant une esthétique baroque française : les sonorités, la manière de construire et d’accorder l’instrument sont donc inspirées de principes du Grand Siècle – malgré quelques heureux compromis qui permettent d’élargir la palette de répertoire qu’on peut jouer sur ce bel orgue.
Les œuvres des grands compositeurs parisiens sous le Roi Soleil – Couperin, Grigny, Marchand, parmi tant d’autres – sont écrites pour la liturgie de l’époque, où se pratiquait ce qu’on appelle « alternatim », c’est-à-dire une alternance entre des versets de plain-chant psalmodiés par un groupe de chanteurs et des pièces d’orgue, tantôt reprenant la mélodie grégorienne, tantôt s’en éloignant librement et ne gardant que la tonalité.
Mais il est frappant de constater que ces pièces d’orgue ne sont pas insensibles au style de l’opéra tel qu’on l’entend chez Lully, voire à certaines danses de cour ou à des genres plus instrumentaux. Ainsi, tel verset ressemblera à un grand duo d’opéra, tandis que tel autre rappellera l’écriture pour la viole de gambe ou un autre encore s’animera des accents d’une gavotte ou d’un rigaudon.
Concert du 1er octobre :
Le Temple de Chêne-Bougeries est équipé, depuis sa restauration, d’un matériel ultra-moderne contrastant avec son ancienneté. Ainsi, on peut y projeter dans de belles conditions des images sur le mur blanc. Quoi de plus agréable que de regarder un film muet dans ces conditions, en écoutant la musique improvisée en direct à l’orgue !
Vincent Thévenaz, l’organiste titulaire du Temple, a pratiqué déjà à plusieurs reprises l’exercice périlleux mais passionnant d’accompagner les chefs-d’œuvre du cinéma muet – Charlie Chaplin, Buster Keaton, Georges Méliès, etc. – en improvisant. Nul doute qu’avec le regain d’intérêt pour cet art, le public saura apprécier cette soirée originale.
En première partie, des courts-métrages mettront le public dans l’ambiance humoristique. Après l’entracte, un moyen-métrage permettra de se plonger dans une intrigue et dans la finesse de réalisation des chefs-d’œuvre du cinéma muet.
Spectacle du 5 octobre :
« L’orgue, ce grand méconnu » pourrait-on dire : qui n’a jamais entendu l’instrument, lors d’un culte, d’une messe, d’un service funèbre ou d’un mariage ? La littérature, le cinéma, et même la bande dessinée en véhiculent une image mystique, presque effrayante ou satanique, où l’organiste déchaîne ses passions, sa folie, à travers l’immense machine et dans l’atmosphère spectaculaire et mystérieuse de voûtes gothiques… L’orgue interroge, parce qu’on ne voit pas celui qui en joue, parce que l’essentiel de ses corps sonores en sont cachés et incompréhensibles. Son souffle inaltérable, l’alternance de puissance écrasante et de douceur infinie en font une voix quasi divine.
Mais l’orgue n’en finit pas de résister et de se réincarner en nouveaux avatars. Ses nombreux cousins – harmonium, accordéon, orgue Hammond ou orgue de cinéma, voire synthétiseur – offrent des facettes différentes dans des répertoires où on ne verrait pas forcément l’instrument d’Eglise. D’Eglise, vraiment ? Inventé au IIIe siècle avant notre ère à Alexandrie, il a fait ses premiers pas dans le cadre des jeux du cirque, accompagnant probablement la mastication des premiers chrétiens par les lions des arènes ! Quelle revanche de le trouver au Moyen-Âge installé dans les églises et les monastères. Et malgré les protestations de ceux qui persistent à le considérer comme exclusivement sacré, il a toujours oscillé entre les deux mondes, passant de la danse – souvenons-nous des orgues domestiques du Toggenburg, qui entraînent les bals – aux cantiques divins, du gospel à Zarathoustra – ou Pirate des Caraïbes !
Le spectacle « Bougre d’orgue » se plaira à explorer les différentes facettes de l’instrument, tantôt par du répertoire, tantôt par des improvisations, en compagnie d’un récitant et de quelques instrumentistes. Et nul doute que chacun, au terme du voyage, aura été persuadé que… l’orgue, ça décoiffe !