Musica Chêne – saison 2018

De la Renaissance à J.S. Bach

dimanche 28 octobre à 17h00
au Temple de Chêne-Bougeries

PROGRAMME

Luys Milan (~1500 – ~1561), El Maestro Valencia, 1536
– Fantaisie du quatrième ton

Luys de Narvaez (~1500–1555), Los seys libros del Delphin de Musica Valladolid, 1538
O Gloriosa Domina seys diferencias
Cancion del Emperador sur « Mille Regretz » de Josquin des Près

Alonso Mudarra (~1510–1580), Tres libros de musica en cifras para Vihuela Sevilla,1546
Fantasia que contrahaze la harpa en la manera de Ludovico

Robert de Visée (v. 1650-1665 – après 1732), Livre de 1682
– Suite en ré mineur (Allemande « la conversation », Courante, Sarabandes, Gigue, Passacaille)

Johann Sebastian Bach (1685–1750)
Sarabande et Chaconne de la Partita BWV 1004




Le programme au déroulement chronologique, s’attache tout d’abord à illustrer les splendeurs de la vihuela, guitare du siècle d’or espagnol dont la musique, quoique méconnue, constitue sans doute le sommet de la littérature de l’instrument. Construit sur les huit tons grégoriens, en traitement polyphonique, ce répertoire immense relève d’une haute exigence artistique : fantaisies contrapunctiques, musique de cour, mais aussi musique sacrée, dont de nombreuses gloses sur des plain-chants. Il est intéressant de noter que Luys Milan fut le premier compositeur de l’histoire de la musique à tenter de codifier la notion de rubato.

L’autre grande période, de style très différent, est sans nul doute l’époque baroque, qui a donné à la guitare un répertoire très européen. Son plus illustre représentant en France est sans conteste Robert de Visée, guitariste, luthiste et théorbiste, maître de Musique du roi, dont les merveilleuses Suites font allégeance – mais « de loing » – à l’écriture de Lully.

Quant à la fameuse Chaconne de J.S. Bach, « triomphe de l’esprit sur la matière » (Spitta), « charte constitutionnelle du violon transcendental » (Basso), son universalisme rendrait presque anecdotique tous les cadres instrumentaux envisageables. Le fondement initial de cette œuvre repose sur le choral introductif de la cantate BWV 4 Christ lag in Todesbanden, résurgence du Victimae paschali grégorien ; d’autres chorals de la Passion et de la Rédemption émailleront les quelques 257 mesures de cet impressionnant triptyque. Citons à ce propos cet extrait marquant d’une lettre de Johannes Brahms à Clara Schumann : « Cette Chaconne est pour moi l’une des compositions les plus merveilleuses, les plus incompréhensibles que j’ai jamais rencontrées. Seul, sur une portée, pour un petit instrument, cet homme a écrit tout un monde de pensées les plus profondes et de sentiments les plus puissants. Si c’était moi qui avais engendré cette œuvre, l’excitation et le choc profond causés par son éclosion m’auraient rendu fou. »

Pascal Boëls



Pascal Boëls a étudié à l’Ecole Normale Supérieure de Musique de Paris, où il a obtenu une Licence de Concert, à l’unanimité avec les félicitations du jury. Lauréat de la « Menuhin Foundation », il est aussi professeur à la Schola Cantorum de Paris. Il est considéré comme l’un des meilleurs spécialistes actuels de la guitare à dix cordes, dont l’élargissement de la tessiture grave permet une exacte fidélité au texte musical. Explorant un vaste répertoire s’étendant du seizième siècle à notre temps, il s’attache à transmettre des musiques dont la portée universelle se situe au-delà des clivages et des modes, n’hésitant pas à consacrer des programmes entiers aux vihuelistes, à J. S. Bach ou à D. Scarlatti, ou encore à relier au cours d’un même concert des œuvres aussi marquantes que les gloses de Narvaez sur O Gloriosa Domina, le Nocturnal op. 70 de Britten et les Trois Graphiques pour guitare et orchestre de Ohana.

Pascal Boëls est également l’auteur de nombreuses transcriptions. Sa discographie comprend des œuvres de Bach, Scarlatti, Haydn, Mozart, Schubert, Villa-Lobos. Ses enregistrements ont reçu les éloges de la critique spécialisée.

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