Bach, délices et orgues…

Bach, sa vie, son œuvre

Johann Sebastian Bach reste une figure majeure de l’histoire de la musique. Plusieurs villes et étapes se succèdent au cours de sa carrière : après des années d’étude entre Eisenach, Ohrdruf, Lüneburg, il obtiendra son premier poste important comme organiste à Arnstadt (1703-1707), puis à Mühlhausen (1707-1708). Weimar restera une étape capitale où il restera de 1708 à 1717, durant laquelle il composera la majeure partie de ses oeuvres pour orgue. Il deviendra ensuite maître de chapelle à Cöthen (1717-1723), ville calviniste où l’orgue n’aura droit de cité qu’en dehors des offices religieux ! Cela nous vaudra de belles pièces instrumentales destinées au concert. Enfin, son dernier emploi sera le plus célèbre : cantor à St-Thomas de Leipzig dès 1723. Bach affinera, révisera, réunira, apportant à ses oeuvres une perfection intemporelle.

Vivant à une époque où les voyages se démocratisent et où l’Europe voit une circulation des idées, des informations et des personnes sans précédent, il illustre plus qu’aucun autre ce que les Français ont appelé les « Goûts Réunis ». Formé à la tradition musicale de l’Allemagne du Centre (la famille Bach est établie en Thuringe depuis le XVe siècle et compte d’innombrables musiciens), il découvrira dans sa famille la musique de ses ancêtres, ainsi que de compositeurs réputés à l’époque, tels que Froberger, Pachelbel ou Kerll. A Lüneburg, il rencontre Böhm qui l’initie à la musique du nord de l’Allemagne. Tout près de là se trouve la cour francophile de Celle et il peut y copier les oeuvres de Grigny, D’Anglebert, Dieupart. En 1705, il demande un congé de quatre semaines de son poste d’Arnstadt pour se rendre chez Buxtehude à Lübeck – il voyage à pied – où il restera finalement trois mois et recevra une des influences les plus décisives de son existence auprès d’un des compositeurs les plus importants du XVIIe siècle allemand. A Weimar, son cousin Johann Gottfried Walther lui fera découvrir la musique italienne : Frescobaldi, Corelli, Marcello, Albinoni, Vivaldi, qu’il copiera et transcrira avec bonheur.

Il pratiquera avec brio le chant, le violon, l’alto, sans parler de ses capacités hors du commun sur tous les instruments à clavier, orgue, clavecin ou clavicorde. Expert réputé en matière de facture d’orgue, il sera demandé dans toute l’Allemagne centrale pour superviser la construction de nouveaux instruments. Sachant élargir ses horizons, il saisira l’occasion de visites de virtuoses pour écrire pour leur instrument, et restera - sans voyager très loin - à l’écoute des nouveautés musicales. Esprit de son siècle par son savoir encyclopédique, il n’en garde pas moins un sens de la tradition et un art hérité des Anciens, ce qui lui vaudra de passer pour ringard à la fin de sa vie. Néanmoins, il ne sombrera jamais vraiment dans l’oubli, sa musique étant régulièrement ressuscitée comme modèle de rigueur et de connaissance.

L’œuvre d’orgue se compose de pièces libres et de pièces liées à la liturgie, réunies en recueils ou isolées. La forme la plus représentée est le prélude de choral, destiné à introduire les chants de l’assemblée dans le culte luthérien, rappelant ainsi aux fidèles la mélodie, donnant la notes de départ, le caractère ou le rythme. Chez Bach, ces pièces – qui durent de quelques secondes à près de dix minutes – revêtent un aspect de commentaire théologique sur le texte du choral, un véritable condensé poétique qui prend parfois presque la forme d’une langue avec sa grammaire, son vocabulaire de formules et sa construction rhétorique. Parmi les œuvres libres règne une grande variété de formes : la plus courante (plus d’une trentaine) est le diptyque, prélude – aussi intitulé toccata ou fantaisie – et fugue. D’une grande ampleur – jusqu’à vingt minutes – ils sont dotés d’un caractère propre en fonction de leur tonalité. On trouve bien entendu des préludes ou des fugues isolés, et certains rattachements, bien que devenus traditionnels, n’ont été fait que plus tard par les éditeurs de Bach. Les différences entre prélude, toccata et fantaisie ne sont pas très claires et ces noms sont souvent interchangeables. Par ailleurs, Bach transcrivit des concertos pour solistes et orchestre de ses contemporains (Vivaldi, Marcello, Telemann, etc.) pour en faire des pièces d’orgue ou de clavecin. Enfin, une multitude de pièces appartiennent à des genres rares, expérimentations musicales, cas uniques, preuves aussi nombreuses du génie et de l’inventivité de ce compositeur hors normes.



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