Pourquoi ?
La ville de Chêne-Bougeries peut s’enorgueillir de posséder un Temple vieux de 250 ans, à l’architecture ovale profondément originale. Dans cet édifice riche d’histoire, construit peu après la mort de Bach et fraîchement restauré se dresse un grand orgue de belle qualité, réalisé en 1979 par les facteurs Neidhardt et Lhôte. Cet instrument, conçu dans une esthétique sonore inspirée du baroque, comporte 29 registres répartis sur trois claviers et un pédalier, soit environ 2000 tuyaux. Un tel patrimoine doit être mis en valeur et résonner d’une musique à sa hauteur.
Pour fêter la construction de l’orgue, une intégrale de l’œuvre d’orgue de Bach avait été réalisée par plusieurs organistes genevois et internationaux. Pour fêter les 30 ans de l’orgue et son relevage récent, une nouvelle intégrale Bach fait office de rite de passage et permet de mesurer l’évolution du temps, de la conception de cette musique immortelle, de la manière de concevoir le concert et son cadre.
L’œuvre de Bach réunit tout le monde : caractéristique de son époque, elle est née dans la première moitié du XVIIIe siècle ; intemporelle, elle s’ancre profondément chez les Anciens ; nourricière, elle inspire tout le XIXe siècle, Schumann, Mendelssohn, Brahms, sans compter Beethoven qui conservera toute sa vie les fugues de Bach à son chevet ; vivifiante, elle renouvelle la création au XXe siècle, suscitant ce qu’on nommera le néoclassicisme, de Stravinsky à Hindemith ; enfin, au-delà des genres, elle fécondera le jazz et ne laissera pas indifférent les musiques les plus actuelles, funk, hip-hop ou rock notamment.
Bach réunit tous les publics : jeunes et vieux, religieux ou non, mélomanes avertis ou amateurs novices, traditionnels ou révolutionnaires : par delà les clivages, il interpelle et jette des ponts. Mais notre manière de l’écouter est multiple, et toutes ces manières ont leur place. Bach est une leçon d’humanité !
Sa musique reste un défi : technique bien sûr, mais surtout musical et théorique – et métaphysique surtout ! Dès lors, il est l’occasion rêvée de repenser la notion de concert, d’intégrale, d’interprétation, de revoir notre vision de l’orgue et de la musique en général. C’est donc à des jeunes musiciens de proposer leur version, d’innover, de chercher. Et c’est au public de venir découvrir de quoi est faite la scène musicale actuelle. Une incitation à l’esprit critique et à la nouveauté.
BACH : ces quatre lettres mises en musique forment un motif (si bémol, la, do, si bécarre) que Bach a utilisé, notamment dans le 14e contrepoint de l’Art de la Fugue. Si on les convertit en chiffres (A = 1, B = 2, C = 3, H = 8), on obtient un total de 14. Les nombres n’avaient aucun secret pour l’immense compositeur, qui les utilisait dans la construction de ses oeuvres. Quel meilleur hommage que 14 concerts en son nom ! Surtout si le 14e et dernier tombe le 21 mars… jour de son 325e anniversaire !